► LIENS• Éméra- mère
• Éléos - frère
• Tirésias - frère
• Hybris - tante (décédée)
• Silène - cousine/compagne
Couché contre le ventre de sa mère, Midas pouvait sentir à ses côtés la présence de ses deux frères qui s'agitaient comme lui pour tenter de grapiller encore un peu de lait. Voilà quelques semaines à présents que les louveteaux avaient ouvert les yeux et pouvaient se déplacer librement dans la tanière, pourtant, l'un des trois louveteaux ne verraient jamais. En effet, Tirésias était né complètement aveugle et ne pourrait jamais admirer la beauté de la vie. Son autre frère en revanche était plein de fougue et d'envie de vivre. Midas avait du mal à se l'avouer, mais il était sans conteste le plus beau et le plus apprécié de la portée.
Si cela a toujours éveillé chez lui une certaine jalousie, cela a aussi fait grandir dans son cœur le besoin de se surpasser. De LE surpasser. Midas voulait toujours être le meilleur, tout comme Éléos qui lui n'acceptait pas de perdre sa position de petit préféré. Les lunes passèrent et les trois loups grandissaient vite, bien trop vite aux yeux de leur mère qui ne pouvait se résoudre à déjà devoir les confier à des mentors. Au fil du temps, Midas avait appris à faire taire sa jalousie envers son frère et à devenir au mieux un modèle de perfection. Il voulait toujours le surpasser, mais il voulait le faire proprement, en étant le meilleur fils et le meilleur apprenti possible. Malgré tout, cette jalousie qui le rongeait chaque fois qu'il posait les yeux sur son fraternel était bien là, cachée au plus profond de son cœur, tapis dans son coin prête à resurgir à la moindre occasion.
Durant de longs mois d'apprentissage, il réussit à faire taire ce sentiment qu'il considérait comme mauvais pour lui, jusqu'au jour où Ana déboula dans sa vie comme une furie. Elle était plus jeune que lui de quelques mois et commençait tout juste son entrainement. Elle était belle, oh oui, elle était magnifique. Avec ses yeux dorés, son pelage gris truité et sa silhouette élégante. Sa beauté avait atteint aussi profondément son cœur que celui de son frère. Lui aussi n'avait d'yeux que pour la belle Ana. C'est là que la situation entre Midas et Éléos dégénéra. Tous deux poussé par des mois de rancœur et de jalousie, les deux loups se jetèrent l'un contre l'autre dans un violent combat pour la belle novice. Malheureusement pour lui, Midas ne sortit pas vainqueur de l'affrontement. Une fois de plus, son frère l'avait battu. En relevant son regard vers Ana, son cœur s'emplit de peine de voir l'admiration qui brillait dans ses prunelles dorés alors qu'elle fixait son frère, le grand vainqueur.
Au comble de sa peine, Midas décida de rendre visite à sa cousine Silène qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Elle était plus jeune que lui, presque du même âge qu'Ana. La jolie rouquine l'accueillit chaleureusement et trouva les mots justes pour le consoler ce jour là. Il avait tant besoin d'attention, tant besoin de l'amour de quelqu'un, et tout cela il venait de le trouver chez Silène. Les jours suivants, Midas revint plusieurs fois voir sa tendre cousine avec qui il tissa un lien de plus en plus ambiguë. En quelques semaines à peine, elle avait réussit à faire sortir la belle Ana de son cœur et prendre sa place en plantant ses griffes dans son esprit. Il ne pensait plus qu'à elle, il la voyait partout dans ses rêves, elle et son air si innocent. Trop absorbé par l'amour qu'il lui portait, il en oublia Ana, sa mère, ses frères, et tout le petit monde qui allait avec. Il n'y avait plus qu'elle.
Midas menait donc une vie simple, qui se résumait à se lever et aller voir Silène pour repartir le soir venu auprès de sa famille, jusqu'au jour où tout bascula. Ce jour là, le mâle au pelage roux avançait droit en direction de la tanière de Hybris et Silène comme il l'avait fait si souvent ces derniers temps. Alors qu'il était tout proche de la tanière, Midas entendit un bruit de cavalcade et aperçu au loin les deux louves courir dans la même direction. Étaient-elles en train de fuir ? Qui les menaçaient ? Son poil se hérissa instinctivement sur son dos alors que l'adrénaline fusait à travers ses membres. Personne n'avait le droit de s'en prendre à sa douce, personne. Fonçant dans leur direction, le jeune mâle pila net en voyant Silène tombait au sol et sa mère se jetait sur elle comme une folle. Reprenant sa course, il n'hésita pas une seconde et se jeta sur Hybris pour la mettre au sol.
Il n'était pas question qu'elle la touche. Personne ne devait faire de mal à Silène, personne ! Se répétant ses mots dans sa tête, Midas secoua sa tête en gardant ses crocs fermement serrés autour de la gorge de sa tante jusqu'à ce que celle-ci cesse de s'agiter. Relâcha sa prise, il réalisa avec horreur ce qu'il venait de faire alors que la pression et l'adrénaline retombait. Il l'avait tué. Figé sur place, ce fut Silène qui le tira de sa transe en le forçant à la suivre. Elle avait raison, ils devaient s'enfuir. Aussitôt, les deux loups prirent la fuite sans un regard en arrière. Midas ne craignait pas de quitter sa famille. Ils avaient perdu toute valeur depuis que Éléos lui avait volé Ana et que Silène était rentré dans sa vie.